vendredi 31 mai 2013

The Borgias: The Original Crime Family.


Malgré les températures polaires et la grisaille persistante, nous approchons à grands pas de l'été et donc...du calme plat au niveau des séries !
Il est temps de fouiller dans notre besace « A regarder quand j'aurais le temps ».

Après avoir enchaîné deux saisons de Rome et quatre saisons des Tudors, j'avais décidé de freiner ma consommation de complots érotico-politiques en bas de soie et laissé « The Borgias » le dernier projet de Showtime, tomber dans la catégorie précitée !
C'est la première série sortie de ma gibecière « Été 2013 ».
Bien...
De gche à drte: Giofrey, Juan, Vanotta,
Alexandre VI, Farnese, Lucrezia et en noir Cesare.
« The Borgias » crée par Neil Jordan (Entretien avec un vampire, A vif, Michael Collins) est un tv Show « historique » et romancé sur les années à la tête du Vatican de la tristement célèbre famille Borgia.
La série canadienne, hongroise et irlandaise comprend 3 saisons à ce jour.
Elle revient sur l'ascension de « l'Original Crime Family » en exposant à la fois les enjeux politiques de l'époque et les vices, réels ou supposés, de ses membres.
Trailer!

Le pilote démarre par l'arrivée à la plus haute fonction du patriarche, Rodrigo Borgia. Devenu le Pape Alexandre VI grâce à de nombreux dessous de tables et promesses alléchantes, il n'aura de cesse, par l’intermédiaire de ses enfants illégitimes, d'étendre son pouvoir sur les états papaux italiens du XVIème siècle.

Oui, c'est un pape qui a des enfants, et des maîtresses. Il va falloir vous y habituer parce que, si ce n'est forcement accepté, c'est du moins connu de leurs contemporains et ne pose « a priori » aucun problème.

Évidemment, et selon toute logique, cela ne plaît pas aux grandes familles sensées être soumises au pouvoir papal mais qui ont depuis longtemps cessé d’obéir à Rome. 
Sans compter que la Curie, notamment le Cardinal Della Rovere, principal opposant lors du Conclave, le(s) déteste. Il s'échappe alors du Vatican et rallie les ennemis de la papauté à sa cause, jusqu’au Royaume de France.

Ce qu'il faut sans doute souligner avant de pouvoir pleinement apprécier cette série, c'est l'évident parti pris des auteurs. Les intrigues sont ancrées dans la réalité historique mais tout le reste est romancé.
Cela dit, l'écriture et les dialogues sont d'un excellent niveau, les intrigues de cours, dilemmes moraux et pratiques d'un autre temps sont décrites efficacement.
C'est addictif sans jamais pousser à l'overdose de sexe ou de violence. (Ce que j'apprécie parfois, oui!)
Les saisons s’enchaînent sans que l'on voit les heures passer et avec une délectation, qui, pour une fois, ne confine pas au voyeurisme type « Spartacus ».


Come for Jeremy Irons, stay for François Arnaud.

Du coup, ces individus à la réputation déplorable, aux mœurs et aux actes notoirement immoraux en deviennent supportables voire sympathiquement pitoyables. (Tant mieux, comment s'attacher à un individu que l'on détesterait pleinement?)

C'est le cas de notre cher Pape Alexandre, créature animée par deux pulsions absolument irrépressibles: une ambition implacable et une passion dévorante pour les femmes.

"I do tend to win whatever battles I fight"
Jeremy Irons qui l'incarne, y est très bon comme toujours, même si j'ai été désarçonnée par son interprétation : Borgia père n'est pas froid ou spécialement manipulateur, s'il est clairement redoutable en politique et corrompu au dernier degrés, il en aime néanmoins infiniment sa famille et souvent, fait preuve d'une brève mais réelle contrition pour ses actes.

Un bon personnage, pivot de l'histoire (celle avec un petit h et celle avec un grand H donc) qui, dans une certaine mesure, parvient à nous conquérir et nous arrache parfois de gentils sourires.
Sentiment mitigé d'amour et de déception qui disparaît complément pour le personnage suivant tant il fait l'unanimité dans les cœurs des fans :
Voici le véritable personnage principal : Cesare Borgia.

Fils aîné du Pape et de la courtisane Vanotta, il endosse la robe de Cardinal pour officier dans l'ombre. Éminence grise du règne de son père, né pour servir la cause des Borgias, Cesare est un exécutant dévoué et un stratège en pleine ascension.

Je n'ai pas assez d'adjectifs pour dire à quel point j'aime le caractère et l'interprétation faite de cet homme : Cesare est pris au piège d'un nom et d'une charge qu'au fond il déteste mais sa loyauté à sa famille est telle qu'il recourt à tous les procédés pour la protéger et étendre la gloire de son père.
 
François Arnaud (Parait-il qu'il avait fait grande impression dans « J'ai tué ma mère ») incarne avec beaucoup de finesse et de puissance cette eau qui dort.

"I do not think we were meant to
burn the world the way we did."
Tantôt complètement détaché, tantôt passionné, toujours vrai dans ses idéaux et ses émotions, il est le principal atout de ce show. Et je ne suis pas la seule à le dire : il éclipse souvent Irons, ce que je croyais impossible.

Cesare aime comme un fou ou déteste férocement, il est impitoyable avec les ennemis de la papauté et se venge formidablement.


L'intelligence de ses méthodes transparaît dans chacune de ses paroles.
Sans trop réfléchir, on comprend rapidement que l'ascension des Borgias s'accompagne de la lente déchéance morale de Cesare et de sa sœur, la fameuse Lucrezia.
"I am so hard to love?"

La jeune femme en question est jouée par Holliday Grainger (Great expectations, Bel Ami) au visage angélique encadré par des boucles blondes qui n'en finissent pas.

Utilisée comme beaucoup de femmes bien nées afin de servir les intérêts de la famille, la jeune beauté adorée par son frère se retrouve mariée de force à un goujat et n'aura de cesse d'essayer de fuir cet époux.

Sa réputation lascive lui viendra surtout d'une volonté farouche d'indépendance et d'une haute conscience de sa valeur en tant qu'unique fille à marier.

Les auteurs l’entraîne dans une course désespérée à l'amour et la recherche d'un homme qui la comblera à la fois physiquement et émotionnellement.

S'il faut ne retenir qu'une seule qualité à « Holli » c'est la progression parfaitement contrôlée depuis la jeune nubile pleine d 'illusions à la femme enjôleuse, fière et à la vie sulfureuse que l'histoire a retenu.



Cette Sainte Trinité des Borgias est entourée (cernée?) par une foule de seconds rôles dont on retiendra qu'ils sont particulièrement fouillés et interprétés avec talent.
Parmi eux, le cynique Cardinal Sforza, son indomptable cousine Caterina Sforza, les deux femmes de la vie du pape: Vanotta et la « Bella » Giulia Farnese ainsi que l’assassin personnel de Cesare : le très efficace Micheletto.
Lucrezia et Cesare ont aussi un autre frère, Juan, sorte d’empêcheur de tourner en rond permanent à la bonne entente de la famille qui, s'il est souvent insupportable, remplit efficacement son rôle.

Je recommande cette série à tous les amateurs d'histoires tordues et politiques, aux afficionados de trahisons dramatiques mais souvent prévisibles, d'arcanes perverses du pouvoir et plus généralement à ceux qui ont aimé « Les Tudors ».
(La série est néanmoins un peu en dessous du niveau de sa grande sœur, je le concède).


Évidemment, j'ai entendu parler de la version française, produite par Canal+ et crée-excusez-moi du peu- par Tom Fontana à qui on doit l'une de mes séries favorites « Oz ».
Le sujet est exactement le même, c'est pourquoi je n'y ai jeté qu'un simple coup d’œil mais de ce que j'ai vu c'est assez bon.
Plus violente, plus orientée « scandaleuse » et tape à l’œil, elle présente des « héros » pour lesquels il est bien plus difficile d'avoir de l'empathie, selon moi.
Si pour la version anglo-saxonne, les gens saluent la prestation de Cesare, dans celle française, c'est la jeune Lucrèce qui attire tous les regards.
C'est comme avoir une seule bonne recette d'un plat mais choisir plus ou moins épicé en fonction de vos goûts!
Le plus amusant c'est qu’aucune des deux versions ne dépeint véritablement les mœurs de la famille Borgia telle qu'expliquée par les historiens. Sachant cela...vous me direz...qu'est ce qu'on s'en fout !


« Only a Borgia, it seems, can truly love a Borgia !».


Que serait une série sans sa grande, belle, terrible et impossible histoire d'amour ?
Et quel est la plus impossible, la plus subversive, la plus méprisée et taboue des relations?
L'inceste ! Mais oui !
Les Borgias furent des dépravés, des menteurs, des voleurs et des assassins mais la pensée populaire a surtout retenu qu'il furent incestueux.

L'un des thèmes les plus magistralement abordé durant les trois saisons est celui de la passion inéluctable entre Cesare et sa sœur cadette.
Leur généreuse tendresse est condamnée dès les premières images à tourner fatalement à l'abandon des derniers pans de morale qu'il leur reste. (Elle est introduite en train d'espionner son frère avec une femme ! Il la poursuit dans le jardin, et se couche sur elle, enfin!)

Sérieusement, comment parler d'une telle chose sans faire juste de la provoc' télévisuelle ?

Les auteurs choisissent de traiter la question avec subtilité :les jeux de regards, les caresses ambiguës, les dialogues comme autant de parades amoureuses et la proximité physique évitent l’écueil si souvent fait de dépeindre des relations entre frère et sœur d'un point de vue purement sexuel.
Cela rend l'ensemble supportable, à la fois pour les personnages et le spectateur.


 
Sans jamais juger les protagonistes, en étudiant plutôt les conditions psychologiques, les dilemmes et difficultés de la fraternité, le scénario plausible et captivant parvient à retenir notre attention.



Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'évolution de la relation entre le frère et la sœur représente une part non négligeable de la déchéance de leur valeurs respectives.
Lui est incapable de faire la part des choses entre ses sentiments de frère protecteur, son désir de s’autodétruire et son appétit pour l'appropriation tous azimuts.  
Elle est en quête de l'affection ultime, d'un amour imparable et sans bornes. Elle veut être égoïstement vénérée comme une revanche sur sa vie « d'otage » Borgia, ce que Cesare lui sert sur un plateau, bien sûr.
Je crois me souvenir d'avoir lu que les acteurs expliquent l'inceste par l'impossibilité de connecter avec les autres individus à cause, à la fois de la réputation familiale et de deux caractères si entiers, si affamés de pouvoir et d'amour qu'il n'existe rien de comparable ailleurs.
 Il s'agit de l'accomplissement d'années de frustrations et d’ambiguïté qui passent étonnement bien à l'écran.
Cette scène est d'une tristesse
et d'une beauté insondable...

C'est peut être là que se concentre la véritable clémence des scénaristes envers Cesare et Lucrezia : Leur offrir un mélange sophistiqué de beaux sentiments, de moments affectueux de réconfort, de sensualité croissante et de gestes scandaleux, en une seule relation.


Vous vous fichez éperdument de savoir que :

  • François Arnaud est québécois alors que le reste du casting est majoritairement britannique...résultat ? Parfois, son accent très léger ressort. Je trouve ça « juste totalement » charmant. Notamment quand les autres prononcent «Naples», « Nêpeuls», et que lui dit «Nayypouls ».
  • A qu'elles sont belles et verdoyantes les vallées de l'Italie au début de la Renaissance ! Oui...enfin...le tournage se fait en Hongrie !
  • Commandée en quatre saisons par Showtime, la série ne comprendra sans doute que les trois saisons déjà tournées et devrait se finir par un téléfilm de deux heures. Non pas à cause des audiences, la dernière saison a des taux d'audience tout à fait respectables mais il s'agit d'une volonté commune de l’équipe et des acteurs afin d'éviter les longueurs de la fin de règne d'Alexandre.
  • La première saison devait avoir le même format que les autres c'est à dire 10 épisodes mais la réalisation est arrivée à court d'argent et s'est donc adaptée. Le pilote est plus long mais il n'y a que 9 épisodes.
  • Le portrait de famille fut largement aggravé par ses très nombreux détracteurs. Les Borgias furent en effet particulièrement haïs par leurs pairs et ce, sur plusieurs générations depuis leur arrivée d'Espagne. L'inceste notamment, est loin d'être établi. Cela n'a pas empêché la mémoire populaire d'inspirer l'auteur de la saga " The Godfather" ensuite adapté au cinéma par Coppola. D'où "Original Crime Family".
  • Cesare Borgia fut tellement habile en politique et d'une volonté si puissamment inflexible qu'il inspira « Le Prince » de Machiavel (Humaniste célèbre que l'on peut d’ailleurs croiser dans la série). C'est...aussi...le titre de l'épisode final de la série.

New-found religion for Cesare,
Drac

6 commentaires:

  1. Moi, j'adore le Cesare interprété par Mark Ryder

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    1. J'imagine que t'es pas la seule, la série a son succès!:-)

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  2. Je pense que je vais l'essayer cet été !
    Je ne sais pas trop ce dont j'ai envie niveau série en ce moment mais une courte me tente beaucoup !

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  3. soyons honnêtes ... la beauté des images , des corps , les passions interdites homosexuelles ou incestueuses me fait rêver . L AMOUR L AMOUR LA SENSUALITE AH !!! en redemande sans honte !

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    1. Tu prêches une convertie! Le frère et la sœur sont d'ailleurs en fond d'écran de mon ordinateur. Ils ne sont pas en train de parler...^^

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  4. Je suis tombée par hasard sur un épisode à la télévision et je n'ai pas trouvé ça si mauvais au final. Pourtant Jeremy Irons est loin de bien choisir ses films dernièrement. Eragon ou encore Sublimes Créatures... A croire que là pour une fois, il est bon dans ce qu'il fait x)

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