vendredi 31 mai 2013

The Borgias: The Original Crime Family.


Malgré les températures polaires et la grisaille persistante, nous approchons à grands pas de l'été et donc...du calme plat au niveau des séries !
Il est temps de fouiller dans notre besace « A regarder quand j'aurais le temps ».

Après avoir enchaîné deux saisons de Rome et quatre saisons des Tudors, j'avais décidé de freiner ma consommation de complots érotico-politiques en bas de soie et laissé « The Borgias » le dernier projet de Showtime, tomber dans la catégorie précitée !
C'est la première série sortie de ma gibecière « Été 2013 ».
Bien...
De gche à drte: Giofrey, Juan, Vanotta,
Alexandre VI, Farnese, Lucrezia et en noir Cesare.
« The Borgias » crée par Neil Jordan (Entretien avec un vampire, A vif, Michael Collins) est un tv Show « historique » et romancé sur les années à la tête du Vatican de la tristement célèbre famille Borgia.
La série canadienne, hongroise et irlandaise comprend 3 saisons à ce jour.
Elle revient sur l'ascension de « l'Original Crime Family » en exposant à la fois les enjeux politiques de l'époque et les vices, réels ou supposés, de ses membres.
Trailer!

Le pilote démarre par l'arrivée à la plus haute fonction du patriarche, Rodrigo Borgia. Devenu le Pape Alexandre VI grâce à de nombreux dessous de tables et promesses alléchantes, il n'aura de cesse, par l’intermédiaire de ses enfants illégitimes, d'étendre son pouvoir sur les états papaux italiens du XVIème siècle.

Oui, c'est un pape qui a des enfants, et des maîtresses. Il va falloir vous y habituer parce que, si ce n'est forcement accepté, c'est du moins connu de leurs contemporains et ne pose « a priori » aucun problème.

Évidemment, et selon toute logique, cela ne plaît pas aux grandes familles sensées être soumises au pouvoir papal mais qui ont depuis longtemps cessé d’obéir à Rome. 
Sans compter que la Curie, notamment le Cardinal Della Rovere, principal opposant lors du Conclave, le(s) déteste. Il s'échappe alors du Vatican et rallie les ennemis de la papauté à sa cause, jusqu’au Royaume de France.

Ce qu'il faut sans doute souligner avant de pouvoir pleinement apprécier cette série, c'est l'évident parti pris des auteurs. Les intrigues sont ancrées dans la réalité historique mais tout le reste est romancé.
Cela dit, l'écriture et les dialogues sont d'un excellent niveau, les intrigues de cours, dilemmes moraux et pratiques d'un autre temps sont décrites efficacement.
C'est addictif sans jamais pousser à l'overdose de sexe ou de violence. (Ce que j'apprécie parfois, oui!)
Les saisons s’enchaînent sans que l'on voit les heures passer et avec une délectation, qui, pour une fois, ne confine pas au voyeurisme type « Spartacus ».


Come for Jeremy Irons, stay for François Arnaud.

Du coup, ces individus à la réputation déplorable, aux mœurs et aux actes notoirement immoraux en deviennent supportables voire sympathiquement pitoyables. (Tant mieux, comment s'attacher à un individu que l'on détesterait pleinement?)

C'est le cas de notre cher Pape Alexandre, créature animée par deux pulsions absolument irrépressibles: une ambition implacable et une passion dévorante pour les femmes.

"I do tend to win whatever battles I fight"
Jeremy Irons qui l'incarne, y est très bon comme toujours, même si j'ai été désarçonnée par son interprétation : Borgia père n'est pas froid ou spécialement manipulateur, s'il est clairement redoutable en politique et corrompu au dernier degrés, il en aime néanmoins infiniment sa famille et souvent, fait preuve d'une brève mais réelle contrition pour ses actes.

Un bon personnage, pivot de l'histoire (celle avec un petit h et celle avec un grand H donc) qui, dans une certaine mesure, parvient à nous conquérir et nous arrache parfois de gentils sourires.
Sentiment mitigé d'amour et de déception qui disparaît complément pour le personnage suivant tant il fait l'unanimité dans les cœurs des fans :
Voici le véritable personnage principal : Cesare Borgia.

Fils aîné du Pape et de la courtisane Vanotta, il endosse la robe de Cardinal pour officier dans l'ombre. Éminence grise du règne de son père, né pour servir la cause des Borgias, Cesare est un exécutant dévoué et un stratège en pleine ascension.

Je n'ai pas assez d'adjectifs pour dire à quel point j'aime le caractère et l'interprétation faite de cet homme : Cesare est pris au piège d'un nom et d'une charge qu'au fond il déteste mais sa loyauté à sa famille est telle qu'il recourt à tous les procédés pour la protéger et étendre la gloire de son père.
 
François Arnaud (Parait-il qu'il avait fait grande impression dans « J'ai tué ma mère ») incarne avec beaucoup de finesse et de puissance cette eau qui dort.

"I do not think we were meant to
burn the world the way we did."
Tantôt complètement détaché, tantôt passionné, toujours vrai dans ses idéaux et ses émotions, il est le principal atout de ce show. Et je ne suis pas la seule à le dire : il éclipse souvent Irons, ce que je croyais impossible.

Cesare aime comme un fou ou déteste férocement, il est impitoyable avec les ennemis de la papauté et se venge formidablement.


L'intelligence de ses méthodes transparaît dans chacune de ses paroles.
Sans trop réfléchir, on comprend rapidement que l'ascension des Borgias s'accompagne de la lente déchéance morale de Cesare et de sa sœur, la fameuse Lucrezia.
"I am so hard to love?"

La jeune femme en question est jouée par Holliday Grainger (Great expectations, Bel Ami) au visage angélique encadré par des boucles blondes qui n'en finissent pas.

Utilisée comme beaucoup de femmes bien nées afin de servir les intérêts de la famille, la jeune beauté adorée par son frère se retrouve mariée de force à un goujat et n'aura de cesse d'essayer de fuir cet époux.

Sa réputation lascive lui viendra surtout d'une volonté farouche d'indépendance et d'une haute conscience de sa valeur en tant qu'unique fille à marier.

Les auteurs l’entraîne dans une course désespérée à l'amour et la recherche d'un homme qui la comblera à la fois physiquement et émotionnellement.

S'il faut ne retenir qu'une seule qualité à « Holli » c'est la progression parfaitement contrôlée depuis la jeune nubile pleine d 'illusions à la femme enjôleuse, fière et à la vie sulfureuse que l'histoire a retenu.



Cette Sainte Trinité des Borgias est entourée (cernée?) par une foule de seconds rôles dont on retiendra qu'ils sont particulièrement fouillés et interprétés avec talent.
Parmi eux, le cynique Cardinal Sforza, son indomptable cousine Caterina Sforza, les deux femmes de la vie du pape: Vanotta et la « Bella » Giulia Farnese ainsi que l’assassin personnel de Cesare : le très efficace Micheletto.
Lucrezia et Cesare ont aussi un autre frère, Juan, sorte d’empêcheur de tourner en rond permanent à la bonne entente de la famille qui, s'il est souvent insupportable, remplit efficacement son rôle.

Je recommande cette série à tous les amateurs d'histoires tordues et politiques, aux afficionados de trahisons dramatiques mais souvent prévisibles, d'arcanes perverses du pouvoir et plus généralement à ceux qui ont aimé « Les Tudors ».
(La série est néanmoins un peu en dessous du niveau de sa grande sœur, je le concède).


Évidemment, j'ai entendu parler de la version française, produite par Canal+ et crée-excusez-moi du peu- par Tom Fontana à qui on doit l'une de mes séries favorites « Oz ».
Le sujet est exactement le même, c'est pourquoi je n'y ai jeté qu'un simple coup d’œil mais de ce que j'ai vu c'est assez bon.
Plus violente, plus orientée « scandaleuse » et tape à l’œil, elle présente des « héros » pour lesquels il est bien plus difficile d'avoir de l'empathie, selon moi.
Si pour la version anglo-saxonne, les gens saluent la prestation de Cesare, dans celle française, c'est la jeune Lucrèce qui attire tous les regards.
C'est comme avoir une seule bonne recette d'un plat mais choisir plus ou moins épicé en fonction de vos goûts!
Le plus amusant c'est qu’aucune des deux versions ne dépeint véritablement les mœurs de la famille Borgia telle qu'expliquée par les historiens. Sachant cela...vous me direz...qu'est ce qu'on s'en fout !


« Only a Borgia, it seems, can truly love a Borgia !».


Que serait une série sans sa grande, belle, terrible et impossible histoire d'amour ?
Et quel est la plus impossible, la plus subversive, la plus méprisée et taboue des relations?
L'inceste ! Mais oui !
Les Borgias furent des dépravés, des menteurs, des voleurs et des assassins mais la pensée populaire a surtout retenu qu'il furent incestueux.

L'un des thèmes les plus magistralement abordé durant les trois saisons est celui de la passion inéluctable entre Cesare et sa sœur cadette.
Leur généreuse tendresse est condamnée dès les premières images à tourner fatalement à l'abandon des derniers pans de morale qu'il leur reste. (Elle est introduite en train d'espionner son frère avec une femme ! Il la poursuit dans le jardin, et se couche sur elle, enfin!)

Sérieusement, comment parler d'une telle chose sans faire juste de la provoc' télévisuelle ?

Les auteurs choisissent de traiter la question avec subtilité :les jeux de regards, les caresses ambiguës, les dialogues comme autant de parades amoureuses et la proximité physique évitent l’écueil si souvent fait de dépeindre des relations entre frère et sœur d'un point de vue purement sexuel.
Cela rend l'ensemble supportable, à la fois pour les personnages et le spectateur.


 
Sans jamais juger les protagonistes, en étudiant plutôt les conditions psychologiques, les dilemmes et difficultés de la fraternité, le scénario plausible et captivant parvient à retenir notre attention.



Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'évolution de la relation entre le frère et la sœur représente une part non négligeable de la déchéance de leur valeurs respectives.
Lui est incapable de faire la part des choses entre ses sentiments de frère protecteur, son désir de s’autodétruire et son appétit pour l'appropriation tous azimuts.  
Elle est en quête de l'affection ultime, d'un amour imparable et sans bornes. Elle veut être égoïstement vénérée comme une revanche sur sa vie « d'otage » Borgia, ce que Cesare lui sert sur un plateau, bien sûr.
Je crois me souvenir d'avoir lu que les acteurs expliquent l'inceste par l'impossibilité de connecter avec les autres individus à cause, à la fois de la réputation familiale et de deux caractères si entiers, si affamés de pouvoir et d'amour qu'il n'existe rien de comparable ailleurs.
 Il s'agit de l'accomplissement d'années de frustrations et d’ambiguïté qui passent étonnement bien à l'écran.
Cette scène est d'une tristesse
et d'une beauté insondable...

C'est peut être là que se concentre la véritable clémence des scénaristes envers Cesare et Lucrezia : Leur offrir un mélange sophistiqué de beaux sentiments, de moments affectueux de réconfort, de sensualité croissante et de gestes scandaleux, en une seule relation.


Vous vous fichez éperdument de savoir que :

  • François Arnaud est québécois alors que le reste du casting est majoritairement britannique...résultat ? Parfois, son accent très léger ressort. Je trouve ça « juste totalement » charmant. Notamment quand les autres prononcent «Naples», « Nêpeuls», et que lui dit «Nayypouls ».
  • A qu'elles sont belles et verdoyantes les vallées de l'Italie au début de la Renaissance ! Oui...enfin...le tournage se fait en Hongrie !
  • Commandée en quatre saisons par Showtime, la série ne comprendra sans doute que les trois saisons déjà tournées et devrait se finir par un téléfilm de deux heures. Non pas à cause des audiences, la dernière saison a des taux d'audience tout à fait respectables mais il s'agit d'une volonté commune de l’équipe et des acteurs afin d'éviter les longueurs de la fin de règne d'Alexandre.
  • La première saison devait avoir le même format que les autres c'est à dire 10 épisodes mais la réalisation est arrivée à court d'argent et s'est donc adaptée. Le pilote est plus long mais il n'y a que 9 épisodes.
  • Le portrait de famille fut largement aggravé par ses très nombreux détracteurs. Les Borgias furent en effet particulièrement haïs par leurs pairs et ce, sur plusieurs générations depuis leur arrivée d'Espagne. L'inceste notamment, est loin d'être établi. Cela n'a pas empêché la mémoire populaire d'inspirer l'auteur de la saga " The Godfather" ensuite adapté au cinéma par Coppola. D'où "Original Crime Family".
  • Cesare Borgia fut tellement habile en politique et d'une volonté si puissamment inflexible qu'il inspira « Le Prince » de Machiavel (Humaniste célèbre que l'on peut d’ailleurs croiser dans la série). C'est...aussi...le titre de l'épisode final de la série.

New-found religion for Cesare,
Drac

lundi 20 mai 2013

Defiance : c'est Stakos.

Avant toute chose, je tiens à préciser un tout petit détail :  quoiqu'il arrive dès qu'une série implique des extra-terrestres, je suis obligée de la regarder. Peu importe la promo, les acteurs ou les critiques ...

Je me suis laissée tenter par Défiance pour plusieurs raisons : 

_Pour Julie Benz
J'ai adoré son personnage de mère speed dans No Ordinary Family.
Bonjour, je suis la gentille ! 
 _Car Battlestar Galactica, Les "Stargate" et Farscape me manquent.
Je regrette énormément toutes ces séries. J'adorais être emportée sur d'autres planètes, dans d'autres galaxies avec plein d'espèces différentes.

_Car en moment, il y a très peu de séries SF (comprendre séries avec des Aliens) 
(Inutile de me conseiller Dr Who !!)Mis à part Falling Sky, il me semble qu'il nous reste que des séries avec des loups garous ou des vampires ...
Ils sont où les cylons ????

_J'aimais bien l'esthétique des promos.

_ Parce que c'était dimanche soir et que je n'avais pas grand chose à faire ...


Pourquoi je ne regarderai surement plus jamais des épisodes de Défiance :

  • Le casting
Entre celui qui a un charisme d’huître  celui qui donne envie de lui mettre des claques, celui qui est cliché, celle qui surjoue et celle qui oublie de jouer, mon coeur balance ... ou pas !

  • La nullité des aliens :
Genre qu'il suffit de les peindre en blanc ou de leur mettre une prothèse nasale et de lentilles ...
Nous, nous sommes les méchants !
Clichééééééé ! 
Puis ensuite, une petite explication sur comment ils sont arrivés sur la planete ne serait pas de trop.
Apparemment, nous avons été attaqués ... mais alors pourquoi il y a plusieurs espèces sur terre ?? Les aliens ont formé une cohalition anti-humains ? Sont forts quand même !
Puis s'ils nous avons été attaqué nous, pourquoi les autres aliens sont venus chercher asile sur une planète déjà en guerre ??
Je pense qu'en 85 minutes d'épisodes, ils avaient largement le temps de démarrer correctement l'histoire !

  • L'histoire :
Donc à la base, Défiance, c'est ça : (Résumé allociné)
Renégats de père en fille ! 
Ravagée par plusieurs décennies de guerre intergalactique, suite à l'arrivée de plusieurs espèces extraterrestres, la Terre a énormément souffert. Après 30 ans de combats, la civilisation commence tout juste à se reconstruire. Joshua Nolan, un ancien Marine qui a perdu sa femme et sa fille lors des conflits, se retrouve malgré lui shérif de Defiance, l'un des rares endroits où les humains et les extraterrestres parviennent à cohabiter. Située dans une vallée cernée de montagnes, la ville va devoir faire face à de nombreux dangers. Des menaces venant aussi bien de l'extérieur qu'à l'intérieur...

Ce que j'en ai retenu :
  1. Stakos signifie "de la daube" en moins poli. 
  2. Il y a une famille alien qui joue les gentilles mais est une traitre. Il y a la gentille famille humaine qui est trahie. Puis les premiers ont un fils et les seconds une fille ... Roméo / Juliette toussa ... Clichééééééé !!!! 
  3. Nous avons ensuite une toute jeune maire qui doit faire face à un meurtre et une invasion d'alien dans la même journée. Heureusement, un ancien marine (papa adoptif d'une alienne mystérieuse) passe dans le coin après s'est fait dépouillé par une autre race d'aliens. 
  4. Les envahisseurs sont moches et agressifs .... Clichéééééé !!! 
  5. Sauf qu'au moment où nous sommes censé croire que tout est perdu, les dépouilleurs reviennent sauver Defiance ... et le Marine devient shérif ... tadammmmm ! 
  6. Dois-je préciser que celui-ci est un coureur de jupons qui passe d'ailleurs la nuit d'avant avec la tenancière d'un bordel qui est aussi la soeur de la maire ? Clichééééééééééé !!!!!

En conclusion : 
85 min pour ça ??? 
Il se passe plus de trucs dans un épisode de 20 min de New Girl !!!! Il est où le mystère ??? C'est à peine s'il y a un semblant d'intrigue dans la dernière minute ! Malheureusement, elle n'est absolument pas surprenante ! 

Bon, en vrai, si j'oublie ma déception, j'ai apprécié deux trois trucs :
- Le personnage et le "design" du personnage incarné par Julie Benz : j'aime ses tresses et ses tenues mais aussi son caractère.
- Sa soeur est plutôt chouette aussi. J'aime surtout leur opposition qui n'en est pas vraiment une. Elles s'apprécient énormément même si elles n'évoluent pas dans le "même monde".
- La docteur extra-terreste : ultra cynique qui m'a fait sourire à chacune de ses apparitions.

Il parlait de monnaie pour payer les soins donnés à sa fille ... 
- L'histoire du nom de la ville : elle porte celui d'une grande bataille. Que de promesses ....

Malheureusement, ce n'est vraiment pas suffisant pour me donner envie de continuer l'aventure !
Depuis, il y a 4 épisodes de diffusés : j'ai regardé les promos ... non, suis définitivement pas tentée !

Le petit bonus : pour la petite histoire, la série a été lancée en même temps que le jeu.

Cependant, si j'en crois cette critique :  ce fut un bide !

Alors, il y a-t-il parmi vous des courageux prêt à visiter Défiance ? 
Envoyez-moi une carte postale ;) 
Misara. 

dimanche 5 mai 2013

Vous n'êtes pas allés le voir: Stoker.


« Il y a un truc de super chelou chez tonton ….Non, non, maman je te jure, il est tordu ! Tu verrais comme il me regarde ! »

Dans une famille normale cela aurait été le début et la fin du film: "Merci Charlie, c'est gentil mais vous êtes flippant, au revoir!"
Mais pas dans la famille Stoker, non...eux, ils se préoccupent de rien sauf peut-être du prochain repas et de l’absence de la bonne... Voyons donc pourquoi...


Stoker est le premier film « américain » du réalisateur coréen Park Chan-wook à qui l'on doit notamment le génial «Old Boy» et le juste complètement malsain «Thirst».
Il y reprend certains de ses thèmes préférés, à savoir la folie, l'inceste, les liens du sang et la perte de l'innocence.

L’œuvre nous présente donc la jeune et solitaire India (Mia Wasikowska) qui apprend le jour de son dix huitième anniversaire le décès de son père. L'enterrement voit le retour d'un oncle longtemps absent (Matthew Goode) qui se propose d'aider la famille dans son deuil. Mère (Nicole Kidman) et fille accueillent différemment cette idée et il apparaît bientôt que la méfiance innée de la jeune femme est justifiée.
S'engage alors un jeu d'attirance et de répulsion entre le trop charmant Charles et la sauvage India.


C'est fou comme ce type de romance perverse est à la mode. (Je vous ai parlé de Killer Joe).

Stoker est un conte noir sur le passage à l'âge adulte avec tout ce que cela comporte : opposition à la mère, concurrence amoureuse, découverte du plaisir, violence des mœurs...(et beaucoup, beaucoup plus dans le cas singulier d'India).

Le style volontairement froid et blafard renforce cette idée d’irréel, l'intemporalité (qui a été revendiqué
comme un hommage à Hitchcock) participe à l’interprétation mystique et allégorique générale.

Visuellement, c'est très élégant, soigné et vaguement angoissant : couleurs automnales, maison immense, escalier gigantesque, murmures et miroirs pour l'emphase sur la duplicité des individus.
Je suis une grande amatrice de ce type de décor et du travail de lumière sur les personnages principaux.

La scène de la cave et sa lumière vacillante, pour ne citer qu'elle, est de toute beauté.

Cela dit...le scénario, que l'on doit à Wentworth Miller (J'ai pas le temps...mon esprit...glisse ailleurs!!!), est somme toute plutôt éculé et pas forcément toujours en adéquation avec le niveau général du visuel.

Matthew Goode fait, à n'en pas douter, un très bon Pygmalion , et mis à part un abus de fond de teint (ou alors le reste du casting est vraiment trop pâle...), il est exactement ce que l'on peut attendre d'un étrange et sombre inconnu. Le genre qui vous file des frissons de différentes natures quand il vous fixe.



La meilleure interprétation, selon moi, revient à la jeune India qui raconte son passage (violent) à l'âge adulte : Mia s'en sort très bien et évite les écueils des jeunes filles «actuelles » de cinéma.
(Ce que j'appelle" l'effet Twilight": on est toutes pareilles, toutes gentilles, toutes jeunes, jolies, branchées mais pas trop, désespérément amoureuses, vaguement languissantes tendance neurasthéniques.)
Son look et les longs plans qui l'intègrent au décor de style quasi-gothique parviennent à nous convaincre de sa mélancolie initiale et des ardeurs qui s'emparent d'elle.
De même, son apparent détachement cache un tempérament bien trempé et une vivacité d'esprit très appréciable!
J'ajoute que j'ai adoré certaines de ses moues.
Mia est bizarre, morbide, renfermée, quasi mutique et généralement indifférente à tout ce qui ne touche pas à son univers secret.

Ce qui la place (bien sûr) en contradiction totale avec sa mère Evelyn.
Je le dis et je le maintiens, Nicole Kidman n'est jamais meilleure que quand elle incarne ce type de personnage : Eve est une femme plus qu'une mère, une paresseuse qui aspire à la vie et à l'amour et qui se retrouve coincée dans un deuil pesant.

Elle est décrite comme abandonnée à un rôle qu'elle ne sait pas assurer et qui la conduit à l'aveuglement volontaire face à ce qui se trame chez elle.
Son monologue reste l'un des meilleurs jamais prononcé sur les désillusions parentales!


Au final, il s'agit d'un bon film, hommage au vieux thrillers de la grande époque américaine (sans jamais les égaler, hélas) mais il manque un "je-ne-sais-quoi" de passionnel, de vraiment choquant, de véritablement bouleversé et bouleversant que l'on pourrait légitimement attendre du réalisateur de "Old Boy".
Je ne le conseillerais sans doute pas à tout le monde mais si vous aimez les histoires vicieuses et les ambiances à la Edgar Poe, alors, c'est sûr, vous ne perdrez pas votre temps.

Dernière chose:  le final bien qu'évident est très très réussi! Pourquoi? Parce que le film a la force de ses convictions et ça, c'est toujours bon à souligner.



D'accord, d'accord
c'est sexy en diable!
Ok, ok maintenant qu'on est entre connaisseurs...parlons de la symbolique du film !
Car oui, le film est bondé de symboles, c'est même trop ! Partout, tout le temps ! Encore !
Vas-y Park , montre nous que tu connais tes références freudiennes!
Tout y passe : C'est un dépucelage de 1h40 !

J'ai rarement connu des récits qui assènent aussi souvent le même thème...
C'est un fait: le passage à l'âge adulte se fait en partie par la découverte de sa sexualité...mais dans le cas d'India c'est juste intoxicant. (Tiens, voilà un adjectif que j'aurais pu utiliser pour l'oncle)

Florilège : L'araignée entre les cuisses, le sang qui coule pour la première fois, les jambes pliées durant la scène du piano...(Toute la scène du piano avec son "jeu" à quatre mains), le nombre incalculable de fois que l'oncle enlève sa ceinture, la robe en soie, le vin rouge et l'instant magique du changement de chaussures!

Comme si ça suffisait pas, on a une scène de caresses et le trio dans les bois qui ne demandent aucun effort particulier pour être interprétés scabreusement !

Cette dernière mise à mort est magnifique...ne serai-ce que pour la position des personnages: je l'avoue, j'ai adoré !
...mais pourquoi, au grand pourquoi encore plus enfoncer le clou ?

Du coup même la scène de la glace en devient suspecte! (Vous noterez que malgré tout cela, il ne la touche jamais...)
Je ne sais plus à quel instant précis mais je me souviens avoir pensé à Nostalgia Critic et son bonhomme/réalisateur indépendant qui crie « Ask  me what it means !» ( Demandez- moi ce que ça veut dire!)

Je ne regrette pas vraiment ces scènes, je suis juste effarée qu'elles constituent quasiment toute la relation entre oncle et nièce quand on voudrait y voir un peu plus de comportement prédateur ou de découverte de soi. Après tout, c'est réellement ce qu'elle essaie de nous dire, non?
On a même un monologue parfaitement inutile au début qui nous renseigne sur l'angle choisi! Au cas où on aurait pas compris, hein?!
"L'âge adulte...blah blah...grandir c'est dur et ça me fait des choses...spirituellement...Blah...blah...je porte des talons maintenant...blah..."
Le réalisateur et le scénariste prennent-ils le public occidental pour de gentils simplets à qui il faut tout expliquer ?

J'ai oublié de préciser que si vous êtes fétichiste des pieds et
chaussures, ce film va vous rendre dingue!

Ask me what it means!
Je ne me souviens pas que "Thirst" (qui rejoint Stoker sur de nombreuses problématiques) ait eu besoin d'afficher autant ses intentions. Comble de l'ironie, le film en dégage presque un sentiment d'immaturité !
Mais non, non cela ne gâche pas l'ensemble, cela le rend...trop...évident?


Vous vous fichez éperdument de savoir que :
  • Selon Miller, « Stoker » le nom de famille, est directement inspiré de Bram Stoker (auteur du célèbre Dracula) ce qui a pu  faire dire à certains qu'il s'agissait en réalité d'une histoire de vampire!
    Personnellement j'adhère seulement à l'idée au sujet de l'esthétique générale...pour le reste, il me semble que cela doit plutôt avoir un rapport avec l'idée (sous exploitée) que le Mal court dans les veines de la famille.
    ( Aussi horrible et fausse que soit cette idée).
  • La tante, qui fait une brève apparition, est incarnée par la géniale Jacki Weaver qui connaît une immense succès depuis qu'elle a joué la mère redoutable dans « Animal Kingdom ». Le film australien est excellent, je vous le conseille !
  • La chef décoratrice (à qui l'on doit les décors de Black Swan) a crée un univers de contes de fée « éthéré » basé sur le thème du
    chasseur et de la proie. Le tournage ayant été réalisé dans une seule et véritable maison, une quantité non négligeable de meubles des années 20 appartenant aux propriétaires figurent dans les plans.
  • Autre échappé de Black Swan, le compositeur Clint Mansell réalise pour ce film une bande son magique, sobre et inquiétante. L'air joué à quatre mains en est un exemple parfait et figure en entier dans le film. (Ce qui est rarissime!)
  • Matthew Goode, peu connu aux USA, commence à faire son chemin depuis son Angleterre natale.
    Parce que je suis déjà folle de lui, je vous fais part de son projet de série télé : Il va jouer dans le très attendu «  The Vatican » qui nous plongera dans les arcanes du Saint Siège et qui, selon la rumeur,  sera produit par Ridley Scott.

    Vous aussi vous avez
    Faf Larage dans la tête,
    ou c'est que moi?
    Drac