lundi 23 janvier 2012

A la Folie

Je suis une enfant de la génération des désaxés télévisés.

Au commencement, était Hannibal Lecter.
Premier vrai psychopathe élaboré pour troubler le
téléspectateur (lecteur)

Ils sont obsessionnels (House, Cal Lightman, Grissom, Patrick Jane), jouent avec la loi ( Vic Mackey,  Raylan Givens, Jack Bauer) quand ils ne sont carrément pas des repris de justice ( regardez Oz, Prison Break, Breakout Kings, Sons of Anarchy..)

Tous ces « héros » à la moralité plus ou moins vacillante, aux méthodes critiquables sont ce que nous appelons des « protagonistes complexes » ou « anti-héros » et apparaissent plus proches de l'image actuelle de l'humanité. Ce sont des êtres qui luttent face aux événements, présentent des faiblesses, s'adonnent aux vices...etc.

Mais parfois la télé nous sert une belle petit perle, à vous retourner les neurones : Je parle de psychopathes. Les « vrais » du genre, ceux qui sont loin, bien loin du simple flirt avec le mal.
Faute de me lancer dans un descriptif de ce que j'entends par là, je vais vous les résumer ainsi : Ce sont des tueurs de sang-froid qui aiment leur job.
Comment les scénaristes pensent et imaginent ces contre-exemples à peine humains, nous les servent sur un plateau et nous les font aimer alors qu'il s'agit des individus qui soient ?
Petit tour d'horizon des « meilleurs » sociopathes de la télé. (liste non exhaustive, merci de me présenter les vôtres!)

Dexter
« Never Get Caught »

" Ne jamais se faire prendre "

Ce qui m'a accroché? La classe surréelle des promos

Je devais commencer par lui ! S'il n’est pas le premier, il est sans nul doute le plus célèbre et apprécié de nos amis les tueurs fous.
Le personnage crée par Jeff Lindsay est adapté en 2006 pour la télé américaine.
Dexter (interprété par Michael C hall déjà connu pour son rôle dans Six Feet Under à cette époque) est un expert médico-légal à Miami. Sa spécialité ? Le sang !
Choix judicieux et franchement ironique étant donné que lorsqu'il n'aide pas sa sœur et son équipe à résoudre des meurtres, il les commet.
Dexter est en effet un vrai sociopathe, il ne ressent quasiment aucune émotion et tue avec plaisir. (Bien que la série, pour le coup très éloignée de l’œuvre originale, nous prouve qu'il puisse se sentir coupable, trahi, anxieux et dans une certaine mesure, affectueux)

L'originalité de la série consiste dans le fait que nous autre spectateurs, soyons complice de ses « chasses nocturnes » et y prenions rapidement goût. Pourquoi ? Parce que Dexter ne tue que les méchants ! Bien sûr ! Élevé suivant les règles tordues de son père Harry, Dexter à tout d'un chien
d'attaque.

Dans le livre comme dans la série,
peu d'humour noir c'est toujours
appréciable!
"Passez une journée mortelle!"
Il se prend pour une sorte de justicier qui relais la loi quand celle ci échoue.
Homme ou femme peut importe, si vous êtes un meurtrier et que vous échappait à votre punition, il se pourrait que vous finissiez attaché sur une table, nu, entouré par du plastique, à la merci d'un couteau.
L'astuce pour aimer ce personnage réside indubitablement dans la complicité qui règne entre lui et le spectateur (vous le voyez vous faire un signe à chaque générique depuis maintenant 7 saisons) et dans le fait qu'il soit prêt à tout pour protéger ceux qu'il « aime ».
Dexter adore les enfants, Rita (sa compagne « alibi »), sa sœur Debra et chérit la mémoire de son père adoptif.

Son évolution psychologique est aussi bien réelle, il apprend de ses rencontres et de ses erreurs, comme tout un chacun ( Ses rencontres sont plus violentes, ses erreurs plus fatales, je sais.)
Par ce qu'il est nécessaire d'expliquer d'où vient sa soif de sang, un judicieux traumatisme dans l'enfance a été ajouté.

La série reste fabuleuse par la création sans cesse renouvelée « d'ennemis » des deux cotés de la loi : que ce soit l'instinctif Doakes ou le Tueur de la Trinité, en passant par « L'Ice truck killer » et le procureur Miguel Prado (que personne n'aime sauf moi, mais je le mets quand même, j'assume)
Au fond, on finit par s'attacher énormément aux aventures de Dexter Morgan, à son coté socialement inadapté qui doit en permanence jouer un rôle. Parce que, vous savez, dehors, il y  a toujours pire.

Jim Profit.
« If you want someone to love you, open your heart. If you want someone to be obsessed with you, close it. »

"Si vous voulez que quelqu'un vous aime, ouvrez votre cœur. Si vous voulez l’obséder, fermez-le "

"Etes vous fasciné par les noirceurs de  l'âme humaine?
Nous avons quelqu'un à vous présenter!"
Le voici ! Le tout premier répertorié ! (en tant que protagoniste principal)
Une seule saison de 9 épisodes seulement. Acclamé par la critique et massivement rejeté par le public, la série Profit est un merveille d'audace.
Quand elle est pour la première fois diffusée en 1996, c'est le taulé général. "Mais qu'est ce que c'est que ce fou dangereux dont on nous narre la progression au sein d'une entreprise pas très nette ?"
La série est arrêtée après la diffusion de 6 épisodes seulement. Et pour cause, personne ne la regarde. Elle est ensuite rachetée par la Fox et connaît un immense succès.
Succès largement mérité si vous voulez mon opinion. (Non sérieusement regardez la série, elle est superbe)

Profit raconte la prise de pouvoir d'une multinationale par l'utilisation habile de toutes les formes de coercition qu'il soit.
Jim est vraiment séduisant, toujours impeccable, calculateur à l’extrême et porté sur les formes les plus raffinées de torture psychologique.
De tous les sociopathes ici répertorié, nous retiendrons qu'il est sans doute le moins violent, mais le plus manipulateur.
Ayant toujours une douzaine de coups d'avance sur ses collaborateurs, prêt à se servir de leurs faiblesses puis à les écraser, il est une caricature de business man qui est très mal passée à l'époque.

Les nombreuses facettes de M.Profit.
Ce qui peut gêner ou rendre, selon moi, Jim irrésistible, c'est à nouveau le complicité qu'il établit immédiatement avec le spectateur.
Il vous parle en permanence, comme une sorte de démon perché sur votre épaule et, à grand renfort de petits conseils pervers, vous explique comment abuser de  votre entourage.
On aime ou on aime pas, mais il faut reconnaître que l’interprétation par Adrian Pasdar, totalement détachée, est idéale.
Avez vous vu American Psycho ? Cette série m'y fait irrésistiblement penser.

Entouré de personnes au passé trouble et aux intentions discutables, Jim règne sur un petit monde fait de trahisons qu'il faut absolument connaître.
Et si vous ne pouvez pas supporter son esprit déviant et le nombre de fois où il vous prend à parti, vous pourrez encore adorer sa relation avec sa belle mère, sa secrétaire ou encore l'étendue presque infinie de sa malice.

Un petit mot de la réalisation : comme si ses actes n'étaient pas suffisants, observez comment le protagoniste est filmé. Jeux d'ombres, apparition en silence, observation depuis un angle de la pièce, monsieur Profit est toujours montré avec un coté inquiétant, presque démoniaque qui marque assurément l'esprit. (Je pense aux scènes d'ascenseur pour les initiés)

Alice Morgan
« Kiss me, Kill me, Do Something !»
"Tue moi, embrasse moi, mais fais quelque chose!"


Le sociopathe est une femme ! Jouée par Ruth Wilson en l'occurrence. (Qui a commencé dans Suburban Shootout avec un certain Tom Hiddleston)
Avec Alice nous entrons dans les seconds rôles.
Alice est l'ange noir de la série Luther produite par la BBC.
L'agent Luther (Idris Elba) travaille à la criminelle de Londres, spécialisé malgré lui dans les crimes les plus violents, il se sert de sa grande connaissance de la psychologie des tueurs pour les débusquer.

Au cours d'une enquête il tombe sur la séduisante Alice dont la famille vient d'être assassinée. Loin de se laisser berner par les larmes de la belle comme ses collègues, il la suspecte d'entrée d'être coupable. S'engage alors une lutte des nerfs entre les deux protagonistes.
Cela pourrait être le scénario d'un film qui finirait avec la mort du tueur mais dans le cas de Luther et Alice, leur petite joute débouche sur tout autre chose.

Incapable de prouver à temps sa culpabilité, l'inspecteur doit maintenant composer avec la rousse tentatrice. Celle ci est à la fois une aide précieuse pour les enquêtes et le cauchemar de la vie personnelle de Luther.
Alice Morgan, c'est la folie maitrisée, l’indifférence générale, la sagesse du prédateur.

Il doit y avoir des moments dans la vie où tu demandes
"Comment j'en suis arrivé là?! Pas vrai?"
Elle s'est entichée du seul qui a pu la percer à jour et s'amuse de découvrir tous les vilains petits défauts de l'homme.
La scientifique qui s’ennuie utilise ses capacités pour terroriser la femme de Luther, de même qu'elle peut ensuite lui offrir refuge quand tout s'écroule autour de lui.
La grande qualité de la série, en plus de présenter un inspecteur torturé à souhait, est de nous montrer une femme à la psyché complexe et sans remords.
Parce qu'elle est souvent drôle, généralement imprévisible, elle pousse le spectateur à toujours s'interroger sur ce couple si mal assorti (de prime abord, ils sont géniaux en réalité). Alors Luther ? Craquera ? Craquera pas ?
Dieu sait que tu en as envie. Ce serait si facile de passer du flic au justicier, pas vrai ?

Jack « of All Trades »

« Sam, you've come back to me ! »
"Sam, tu m'es revenue!"


Vous souvenez vous de la série Profiler ?
Il s'agit d'une des premières du genre où l'on suivait les enquêtes de Sam Waters, spécialiste du comportement criminel au sein d'une cellule du FBI.
Si vous vous rappelez de Sam, vous savez que je vais parler de sa nemesis « Jack »(Dennis Christopher), le psychopathe responsable de la mort de son mari et qui la pousse à vivre dans un bunker avec sa fille.

Pourquoi je parle de lui ici ? Et bien parce que, même si on ne le voit pas durant trois saisons, il est crédité au générique et obsède le spectateur comme l’héroïne.
Jack est un vrai taré, sadique, manipulateur, joueur et provocateur. La complète !
Chacune de ses « apparitions » (son ombre, ses lèvres ou ses mains) rend le spectateur toujours plus anxieux de connaître la suite de ses plans machiavéliques. (Qui se déroulent parfois sur plusieurs saisons d'affilées, ce qui est gonflé de la part des scénaristes)
La force de ce personnage qu'on adore détester est d'être toujours présent d'une manière ou d'une autre. Les épisodes sont truffés de références à ses actions ou le montage nous laisse entendre sa respiration alors qu'on nous montre Sam via des écrans d'ordinateurs.
(Ambiance que l'on peut retrouver dans The Mentalist...moins le glamour.)


C'est que monsieur est amoureux de la blonde, il ne supporte pas qu'elle ait la moindre vie personnelle mais en échange s'acharne à la couvrir de cadeaux. ( Vous en jugerez vous même, ils ne sont pas tous d'un goût exquis mais généralement originaux).
Sam Waters est probablement l’héroïne qui aura reçu le plus de roses dans toute sa carrière, tout en maudissant ces satanées plantes !
L'affrontement final Sam – Jack marque l'un de mes premiers grands moments de télé, et, même si la série a vieillit, elle reste l'une des premières à avoir donné de la profondeur au méchant, au point d'en avoir fait un personnage  à part entière et«  que l'on peut aimer ».
Tout ça sans oublier qu'il a tué près de 47 personnes en trois saisons. De 47 façons différentes. Jack c'est un artiste !

Tate Langdon. 

« I think I have mommy issues. You know a good therapist? »
"Je crois que j'ai des problèmes avec ma mère. Tu connais un bon thérapeute?"


Tate est le dernier né de la grande famille télévisuelles de fous dangereux.
En tant que personnage, il fait partie de mes meilleures découvertes et prend une place très importante dans les événements d'American Horror Story.
En 2011, le public a pu découvrir cet adolescent sinistre et violent au cours des ses thérapies avec le docteur Harmon.
Tate obsède par sa capacité à passer de la noirceur la plus épouvantable à l'angélique innocence d'un gamin pommé.
Il joue avec vous comme avec les membres de la maisonnée : tandis que certains le prennent pour une victime, d'autre voient en lui le coupable de tout.
Tate est un sociopathe, ce qui justifie parfaitement sa place ici, mais sa spécialité serait sans doute le chantage affectif tant il est clair qu'il comprend à peine ses propres pulsions.

Essayez de lui en vouloir longtemps..et il vous fait ça...
Elevé par une mère violente, psycho-rigide et abusive, Tate se réfugie dans la drogue et les fantasmes.
Sa violence et sa souffrance coexistent et font de lui un personnage qu'il est mal aisé de comprendre.
Evan Peters trouve ici un rôle parfait pour nous montrer toute l'étendue de son jeune talent.


Je vous défie de ne pas être pris en étaux entre votre désir de le voir puni et celui de lui pardonner ses actes.
Je n'ai aucune idée de ce qui se passera dans les prochaines saisons, Tate Landgon  mais appartient à cette catégorie de personnes qui méritent de souffrir énormément avant d'obtenir la rédemption. Croyez bien que cela me fait mal d'écrire ça ! Une chance qu'il s'agisse juste d'une fiction.



Alors, elle est pas belle la petite lucarne ? Toute pleine de tueurs attachants, de gentils bouchers ?
Quelque chose me dit qu'ils ont encore de belles heures devant eux pour nous choquer et nous tenir en haleine. N'oublions pas qu'en plus d'être brillamment écrits, ces personnages sont d'excellents substituts cathartiques pour chacun de nous. Il n'y a pas de honte à aimer la fausse hémoglobine et les bon vieux chantages tant qu'il restent à l'écran !
  Drac

Ps: élaborer cet article m'a permis de remarquer que deux de mes protégés portent le même nom! "Morgan". Coïncidence?

1 commentaire:

  1. Moi j'étais déjà fascinée par l'homme à la cigarette dans X-files. Obsédant, terrifiant, angoissant, il était partout, savait tout!
    Sinon, je pense aussi à l'abominable Dr Romano dont la mort spectaculaire (écrasé par un hélico) nous a fait bondir sur nos chaises, dans un mélange de "tant mieux pour lui" et de "HO MON DIEU NOOOOOON!"
    vive la télé...

    RépondreSupprimer