samedi 9 juin 2012

Vous n'êtes pas allés les voir au ciné!

Il n'y a pas que les Avengers au ciné !
Et non ! Malgré ce que les gens qui nous fréquentent, Misara et moi, croient. (entendez « par notre faute »)
Je suis allée voir deux autres films vraiment particuliers au milieu de l'euphorie Marvel. C'est ma rubrique hipster-glauque. Voici pour vous un petit topo sur deux réalisations qui ont en commun d'être troublantes, hallucinées, angoissantes et expérimentales.
Non, ne quittez pas ce blog !

Très légère alerte spoiler. Mais à peine.

Twixt (Francis Ford Coppola)

Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite bourgade des Etats-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V. Il soupçonne un rapport entre V et le meurtre commis en ville, mais il décèle également dans cette histoire un passionnant sujet de roman qui s’offre à lui. Pour démêler cette énigme, il va devoir aller fouiller les méandres de son subconscient et découvrir que la clé du mystère est intimement liée à son histoire personnelle.

Twixt est un film de Francis Ford Coppola (Dracula, L'homme sans âge).
Il n'avait rien réalisé depuis longtemps et c'est donc dans un relatif anonymat qu'il nous offre cette histoire bien plus proche de l'onirisme que du thriller policier.
Si vous n'aviez pas compris à l'introduction, il faut sérieusement s'accrocher pour apprécier ce film.
Je parle de l'intrigue. Parce que coté réalisation, le maitre de Dracula est encore là, c'est certain. Je suis restée scotchée par l'utilisation intensive de filtres bleus qui donnent à la nuit et aux rêves une ambiance crépusculaire parfaite.

Un éclairage fascinant pour une belle rencontre.

Comme ne l'explique PAS du tout le résumé, il s'agit en réalité de l’empilement de deux histoires qui se font écho.
Celle de la jeune V, qui, fantomatique, s'efforce de faire comprendre au rêveur l'atrocité de ses derniers instants, et celle, tout aussi complexe, de l'inconnue empalée.
Est-ce à dire que les deux jeunes filles sont les mêmes agneaux sacrificiels dans deux réalités différentes ?
Franchement, Coppola ne répond pas.
Il est nécessaire de garder à l'esprit que les héros principal est dépressif et particulièrement perdu entre les deux mondes. Ajoutez à cela qu'il se permet aussi de réinterpréter une grande partie de l'histoire...Ben oui , il écrit un bouquin souvenez-vous ! (et gardez-le en permanence à l'esprit).
L'un dans l'autre, le récit reste très compliqué, plus dans la symbolique et l'introspection que dans l'explication.

Val Kilmer (l'écrivain) et Elle Fanning (sa muse vampiresque) s'en sortent plutôt bien.
Elle est particulièrement attachante et mystérieuse cette jolie V. Tentatrice ou candide, je pense qu'elle est l'atout principal du film, dans sa robe blanche relevée par un maquillage gothique rouge.

Le film massacre pas mal de clichés, l'ombre et la lumière sont redéfinis.

Le film a reçu des critiques amères (et faciles à comprendre), notamment en ce que de nombreuses personnes relèvent le parallélisme entre la perte d'un enfant par le héros et la propre tragédie de la famille Coppola. (Francis a perdu un fils et ne s'en est jamais remis).
Les thèmes de la culpabilité et de la fragilité des enfants envahissent donc peu à peu chaque aspect du film jusqu'à outrance.

Enfin..un mot du montage. Le film est un concept à lui tout seul, entendez par là qu'il a été réalisé par petites touches et monté en présence d'un public qui était invité au fil des visionnage à donner son avis sur chaque plan. Faute d'en faire ressortir un consensus général...le film se perd dans des discussions secondaires parfois totalement inutiles ou met en relief des objets et individus ne servant aucune fin.
Le réalisateur s'en défend et explique qu'il s'agit de la version la plus proche de ce qu'il souhaitait (et son public test avec lui) depuis l'écriture tortueuse du scénario lui même. Démocratie au cinéma ? Pas trop pour moi, c'est fatiguant pour les yeux..et le cerveau.

Le petit plus c'est la présence d'Edgard Poe, qui joue l'Homère de notre Dante dès que celui-ci perd pied. Un personnage hors du temps, mélancolique, mais étrangement lumineux (au vrai sens du terme avec sa lanterne) qui m'a enchanté. (C'est Ben Chaplin qui le joue... pour les initiés)

En bref, je reprendrais ces paroles pleines de sagesse du couple d'amoureux devant moi au cinéma:
« Qu'est-ce qu'on vient de voir ?
-Je sais pas. C'était hyper...
- POURRI !
-..intéressant !..Ah, ok...»

Cosmopolis
(David Cronenberg)

Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

David Cronenberg fait un nouveau film ? J'accours ! Je vole ! Je me presse tremblante dans la file du cinéma. Le premier qui critique mon choix va se faire frapper. Voilà, c'est ce que je pense du réalisateur d'Eastern Promises, Crash et du Festin Nu (parmi tant d'autres).

Il existe des films que l'on dit « exigeants », parce que vous devez apporter votre cerveau avec vous au ciné. Il vous faut de la concentration pour l'apprécier et un patience exemplaire pour ne pas décrocher de désespoir avant la fin.
Quand Cronenberg adapte du DeLillo (« Outremonde » et « Cosmopolis » pour ses œuvres les plus connues) on peut forcément s'attendre à un film exigeant.

Et voilà. Torturez-vous sur une simple phrase.
Il y en a plein d'autres!!
Croyez-moi, il s'agit d'un euphémisme tant certains aspects de ce film me semblent encore totalement indigestes après quelques jours de réflexion.
Les dialogues tout particulièrement: Que quelqu'un qui a lu le bouquin me réponde, pitié ! Est-ce que vous avez compris la moitié des discussions dans la limousine ?
Diarrhée verbale post-moderne à consonance fataliste, les raisonnements des personnages sont largement du domaine du délire et par leur fréquence alourdissent un film qui se remarque déjà par sa lenteur..

Sauf que...ces dialogues sont le reflet de l'absence de connexion entre notre protagoniste principal et le reste du monde. Sa vision déformée et purement analytique du monde se heurte de plein fouet à notre affect. Au fond, il nous perd parce qu'il ne nous comprend pas. Et ça, ça, c'est du talent.
(Ouais ...va le dire à la quinzaine de personnes qui ont quitté la salle en soufflant, sale hipster !)

Aussi beau qu'une limo!
Coincé dans sa voiture comme un prince moderne dans son palais en ruine, Eric voit son univers s'écrouler dans un semi indifférence propre à son mépris général pour la vie.

Cronenberg a dit que "Bob" était "comme une
maitresse pour sa caméra".
C'est un compliment chez lui, hein!
Robert Pattison, Monsieur Vampire de Twilight, joue à la perfection ce "héros" en déliquescence, à l'origine si propre, si parfait mais dont la raison s'efface à même temps que sa limousine est saccagée.
Vraiment quand je dis parfait, je le pense, c'est une performance qui a été largement commentée comme le sortant de son rôle de romantique vaguement passif, ce qui est vrai, mais pas seulement.

C'est du grand jeu d'acteur qui m'a fait prendre conscience des capacités de l'homme. Il est traumatisant, froid, ne regarde jamais les gens dans les yeux, baigne dans le mépris et l'indifférence. C'est un caricature psychotique du businessman désabusé sublime. Si vous devez regarder le film, faites-le pour Robert. Vraiment.
A ce sujet, je me souviens avoir vu une interview de Pattison avant la première du film, il expliquait comment lui même échouait parfois à comprendre le personnage tant il était éloigné des sentiments humains.
J'avais eu peur. Un gars qui en joue un autre sans le comprendre ? Euh ? Sérieusement ?
Après visionnage, sachez qu'il s'en sort extraordinairement bien et que sa confusion est parfaitement logique. Il est rare de voir un individu être le propre architecte de sa chute et trouver un plaisir pervers face au chaos généré.

Quant à Cronenberg, il reste mon réalisateur fétiche.
Ici, tandis que l'étau se resserre autour du Golden Boy, la voiture se fait vandaliser, le service de sécurité se clairsème, les costumes impeccables se déchirent et se tachent...
L'ambiance se fait toujours plus pressante et vous vous sentirez rapidemment claustrophobe dans cette voiture.
Le montage suit aussi sa propre destruction, il se fait épileptique et absurde, certaines scènes sont coupées avant que l'on puisse en connaître la fin et le tout donne une véritable sensation de voyeurisme malsain.
A noter que Cronenberg et DeLillo étant eux-mêmes, une bonne dose de perversion et d'érotisme se mêle aux rencontres d'Eric...ce film n'est pas pour les âmes sensibles.

Instant de plaisir. Avec un Taser. La fille est secondaire.
Pris au piège comme lui, on est presque soulagé que cela finisse et on sort de là avec un arrière goût de tristesse ou une furieuse envie de prendre un bain selon que l'on ait adhéré à la philosophie tordue de Packer, ou qu'on l'ait rejetée en bloc.
( J'ai très envie de lire le livre maintenant...vous savez...pour comprendre quoi...ou pas)

Qui a dit que ce blog était "too mainstream"?!
Drac

2 commentaires:

  1. ça donne envie. Tu dervais faire critique de cinéma en freelance :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci! Non, vraiment, ça fait super plaisir!!
      Critique Freelance? C'est pas un peu ce que je fais là? ^^
      Je vendrais un rein pour qu'un de mes articles soit publié par - Ciné Live
      - Première
      - L'écran Fantastique
      - Télérama
      Et j'accepterais même les avances de Madame Figaro!

      Supprimer